Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un peu partout le mécontentement monte sur les conditions de mise en place de la "réforme des rythmes scolaires". Non pas que parents et enseignants soient satisfaits de la situation actuelle de l'école. Mais chacun sent que les "bricolages" auxquels amène le texte du gouvernement, sans ambitions et sans moyens réels, sont loin d'être à la hauteur de ce qu'il faudrait.

Pire, le projet gouvernemental part d'une analyse tronquée de la réalité et pousse dans des impasses.

Ainsi, la "fatigue" des enfants proviendrait d'abord de l'école sans que soit jamais posée la question des conditions de vie et de travail des parents (précarité de l'emploi, amplitude et flexibilité de plus en plus grandes des horaires de travail, allongement des trajets domicile-travail, logements trop petits ... ) ou du manque de sommeil de gamins scotchés devant des écrans très tard le soir.

Du coup, le gouvernement "botte en touche" : on ne revient pas sur la réduction historique du temps passé à l'école entériné ces dernières années pour ne pas avoir à mettre davantage de moyens pour l’Éducation nationale, pour "plus et mieux d'école".

Et, englué dans sa logique de réduction des dépenses publiques, le gouvernement se contente de répartir différemment le temps scolaire, en renvoyant vers les communes le soin de trouver des solutions.

  • Tout cela aboutit à du bricolage comme à Beauvais où la maire UMP - sans tenir compte des avis des parents et enseignants - imagine le montage qui lui pose le moins de problème : rentrée 1/4 d'heure plus tard le matin, 1/4 de plus pour la pause du midi et sortie 1/4 plus tôt le soir : avec zéro ambition éducative !

Par ailleurs, la conception même de cette "réforme" propage insidieusement l'idée tout à fait contestable d'une séparation entre des "matières fondamentales", "lire, écrire, compter", qui seraient du domaine de l’Éducation nationale, et d'autres matières, qui seraient en quelque sorte du supplément d'âme et renvoyées au "périscolaire", à la charge de la bonne volonté et des possibilités des communes : je pense qu'il faut contester fondamentalement cette manière de voir.

L’Éducation nationale devrait avoir les moyens humains et financiers et l'ambition d'apporter gratuitement, à chaque enfant de France, quelle que soit la situation de ses parents, quel que soit le territoire où il habite, le plus haut niveau d'éducation dans tous les domaines.

Notre pays doit porter une conception globale de l'éducation : l'éducation artistique ou l'éducation physique et sportive sont des éléments essentiels de la formation et du développement d'un enfant et ne s'opposent pas, bien au contraire, à l'apprentissage de la lecture, de l'écriture ou des mathématiques.

Mais, pour cela, le gouvernement doit impulser, concrètement, un investissement considérable dans l’Éducation qui, au delà des mots, doit devenir une véritable priorité après des années de régressions sarkozystes :

  • il faut donner à toutes les équipes éducatives de véritables moyens humains de mettre en œuvre des projets éducatifs ambitieux et novateurs, en permettant aux équipes éducatives de se former régulièrement, de disposer de capacités d'initiatives et d'autonomie : il faut créer partout des postes d'enseignants supplémentaires par rapport au nombre de classe, il faut redévelopper partout les RASED ( Réseau d'Aides Spécialisées aux Enfants en Difficulté) mis à mal sous Sarkozy.
  • L’Éducation nationale doit prendre à sa charge complètement les classes de découverte, les classes de neige, les classes linguistiques, les voyages scolaires mais aussi l'éducation artistique et l'éducation physique et sportive qui sont des éléments indispensables d'une éducation de qualité : chaque enfant doit pouvoir y accéder gratuitement.

Du coup, on ne demanderait plus aux communes de bricoler et tenter de se substituer à l’Éducation nationale.

A charge alors aux communes et intercommunalités, de développer en dehors du temps scolaire, des animations péri-scolaires, des loisirs, des vacances avec des équipes d'animateurs bien formés, bien payés, largement professionnalisées, de permettre un accès démocratisé à la pratique d'un sport, de la musique, de la danse, de la peinture, de la sculpture, du théâtre ...

Cela suppose aussi que le gouvernement ne réduise pas les moyens des collectivités locales comme il le fait actuellement, menaçant y compris ce qui existe déjà !

Si l'on a cette ambition pour l'éducation de chaque enfant de notre pays et si l'on s'en donne vraiment les moyens, si l'on y associe réellement tous les acteurs de l'éducation alors le débat sur les "rythmes scolaires" se posera différemment et l'on pourra réfléchir posément à la meilleure organisation du temps scolaire, dans la journée, dans la semaine, dans l'année.

On sortira du "bricolage" pour rentrer vraiment dans la nécessaire "refondation de l'école" pour répondre aux défis de notre époque.

Rassemblement le 13 novembre 2013 devant l'Inspection Académique de l'Oise. Un nouveau rassemblement a eu lieu le 5 décembre.

Rassemblement le 13 novembre 2013 devant l'Inspection Académique de l'Oise. Un nouveau rassemblement a eu lieu le 5 décembre.

Le tract que nous diffusons sur Beauvais sur le sujet

Tag(s) : #Beauvais, #école, #rythmes scolaires, #mairie, #rased, #périscolaire, #éducation nationale
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :